proposée par Monique               

Mais où est donc passé l’arbre de la liberté qui devait être planté dans le jardin de la mairie du Boulevard de la Croix-Rousse en février 1948 afin de commémorer la révolte des canuts du 25 février 1848 ?

Il est vrai que le 25 février 1948, jour du centième anniversaire de cette lutte pour la liberté, était un mercredi, jour de classe en ce temps-là et que les élèves instituteurs et institutrices des écoles normales de la Croix-Rousse dont la chorale devait se produire en cette occasion n’étaient pas disponibles : la cérémonie avait donc été reportée au dimanche matin suivant, où tout avait été organisé afin que cet arbre hautement symbolique, soit planté avec tous les honneurs dus au souvenir de la lutte ces Canuts.

Les élèves des deux Ecoles Normales devaient être tous présents dans le hall de leur école à neuf heures et, par précaution comme tous les normaliens de cette époque étaient obligatoirement internes, seuls ceux dont les parents demeuraient à Lyon avaient eu l’autorisation de sortir le samedi après s’être engagés sur l’honneur, signature à l’appui (!) d’être présents ce dimanche matin. J’habitais place Carnot, j’étais donc concernée.

Ce dimanche-là, levée de bonne heure, j’ouvris les volets et quelle ne fut pas ma surprise en voyant la place couverte de neige. A cette époque, par temps de neige, les transports en commun ne montaient pas à la Croix-Rousse. Comment allais-je rejoindre mon école à l’heure dite ? N’ayant pas le téléphone, je descends à la boucherie voisine (!) pour joindre la Directrice afin de savoir si la fête aurait lieu. La réponse fut sans appel : « Mademoiselle, vous vous êtes engagée sur l’honneur à être ici à neuf heures, vous devez respecter votre signature ».

Je n’avais pas le choix, je me préparai et partis pour traverser la ville et monter sur la colline. A dix heures toute la promotion était présente, c’est alors que la Directrice nous rejoignit et … annonça qu’en raison du temps, la cérémonie était reportée : le sol enneigé était de surcroît trop dur pour être creusé afin de planter notre arbre. En conséquent les Lyonnais-es pouvaient rentrer chez eux !

Plus tard dans l’année, une plaque commémorative du 25 février 1848 fut placée sur la façade de la mairie et elle y est encore ! Quant à l’arbre, on ne l’a jamais vu !!!