proposée par Dominique
Pendant 7 ans, dans les années 60, j’ai emprunté la rue Chazière quatre fois par jour pour aller (ou en revenir) au lycée de jeunes filles de la place Morel (jeunes filles qui, quand l’Education Nationale généralise la mixité dans les années 70, rejoindront progressivement les garçons du lycée Neyret dans les locaux tout neufs du lycée Saint-Exupéry rue Hénon et du collège Clément Marot rue Deleuvre).
L’actuelle rue Chazière, digne du titre de boulevard, n’était à l’époque, dans sa plus grande partie, qu’une ruelle sans trottoirs…
Les hauts immeubles aux n° 83, 63bis et 57 existaient déjà, et les commerces du quartier étaient très fréquentés, notamment une épicerie et une laverie en face de l’entrée du 63bis, mais aussi, dans la galerie du n° 57, boucherie, pharmacie… A partir de cette galerie commerçante la rue Chazière ne faisait pas plus de 5 mètres de large et nous amenait jusqu’au Boulevard de la Croix-Rousse en longeant de grandes propriétés privées ceintes de murs recouverts de glycines. Très peu de voitures bien sûr empruntaient cette rue étroite.
Refaisons le chemin…
L’entrée de l’actuel parc dit « Chazière » – du nom de la rue – ancienne propriété Madinier, en face de la rue Henri Ferré, était assez remarquable : un haut portail en bois sous un porche voûté – dit en cul de four ! – en pierres dorées, sur un sol pavé incliné, donnait accès au domaine de la CAFAL qui accueillait les enfants de familles ponctuellement en difficulté : « les petits verts ! les petits rouges ! » pouvait-on entendre quand la fin de la récré sonnait.
Quand le portail du 49 était ouvert, on pouvait apercevoir au milieu du parc le petit château de la famille Férier : Louis Jouvet y aurait tourné certaines scènes du film « Un revenant » (Christian-Jaque, 1946) inspiré d’un fait divers lyonnais des années 20.
En face, la belle demeure bourgeoise de la famille Ancel, au toit d’ardoises, était entourée d’un parc beaucoup plus grand que celui d’aujourd’hui, élargissement de la rue oblige…
Au 45, où la rue tourne à 90°, la porte d’accès au chemin vert (qui porte bien son nom) est toujours là, même si, de bois, elle est devenue métallique : j’empruntais ce raccourci quand j’étais en retard, s’il ne pleuvait pas !
A certains endroits la rue s’élargissait : c’était le cas devant le portail d’entrée de la propriété Gillet, actuel Parc de la Cerisaie ; j’y croisais quelquefois Madame Gillet, en chapeau à voilette, qui montait dans une somptueuse limousine dont son chauffeur – en uniforme – lui ouvrait la porte… casquette à la main. En face, les anciens murs, derrière lesquels on devinait des arbres en fleurs et on entendait des coqs chanter, furent abattus au cours des années 60 pour permettre la construction d’une énorme résidence de grand luxe.
La ruelle continuait entre ses murs jusqu’à la rue Bony qui, venant du Boulevard, s’arrêtait là, en face d’une des entrées de l’école normale d’instituteurs : cette portion du trajet n’était pas sans procurer quelques sensations à l’adolescente qui entendait fréquemment sur son passage des sifflets provenant des fenêtres sur les toits : les futurs pédagos dans leur dortoir avaient encore l’esprit potache !
Et enfin, la rue Chazière débouchait, comme aujourd’hui, sur le Boulevard de la Croix-Rousse, au Clos Jouve ; mais point de jeux de boules : le lycée Neyret y avait installé des préfabriqués pour faire face, comme tous les établissements scolaires, aux effectifs du baby-boom de l’après-guerre ; chaque salle de classe était équipée d’un poêle à charbon qu’il fallait l’hiver alimenter régulièrement…
Pour le chemin de retour du lycée, après la remontée de la rue des Chartreux, une variante, par les rues Philippe de Lassalle, Dangon, Falcon, Ferré me ramenait (selon les itinéraires de mes copines !) rue Chazière, éventuellement en empruntant les passages Ancel ou Pernon, maintenant privatisés.
La rue des Missionnaires devint en 1889 la rue Chazière, du nom du Lyonnais Jean Chazière (1821-1885) qui possédait une grande maison au niveau de l’impasse, qu’il a donnée à la ville de Lyon. Il créa en 1879 la fondation Jean Chazière et a laissé sa fortune à la ville pour instaurer un prix pour un scientifique ou un artiste et un legs important au musée des beaux-arts qui a permis d’acquérir notamment un Géricault.
J’ai fait le même trajet de la 6eme à la seconde depuis le Chemin Vert, et au niveau du 45 un piéton et une voiture ne se croisaient pas !
Je suis allée au château de Chazière en 68 ou 69… j’occupais la chambre 25 avec 2 autres filles : Yvonne et Evelyne. Ce ne fut ni un bon ni un mauvais souvenir… mais je serais très contente de pouvoir échanger avec des personnes placées à la même époque.
Je me souviens que nous étions toutes habillées de la même façon pour les filles et idem pour les garçons. Les personnes qui s’occupaient de nous n’étaient pas toutes bien attentionnées !!!! Je garde un très bon souvenir de Clara qui était très douce avec nous…
Dans mon enfance je suis allée au parc Chazière pendant que maman accouchait, je me souviens qu’on avait des petites serviettes de table à carreaux, selon notre âge, en vert et blanc ou rouge et blanc… il y avait aussi du jaune !
J’aimerais bien rencontrer des personnes qui ont connu cette maison…