Proposée par Philippe
L’atelier de tissage mécanique de Tassinari, au-dessus duquel je logeais… J’avais accès à une grosse clef qui permettait d’entrer dans l’atelier par la lourde porte de bois massif donnant montée Kubler. Il m’arrivait parfois, même si je n’avais pas eu une autorisation explicite pour le faire, de m’y rendre sur le coup de minuit. Un pur bonheur. Le paradis s’il existe doit certainement ressembler un peu à cela !
Les rangées de vieux métiers à tisser mécaniques, Diederichs et autres, alignés, silencieux, se reposant pour la nuit. Entré dans l’atelier, avec tout le respect dû à ces vieilles machines fournissant tous les jours des efforts depuis des dizaines d’années, j’allumais quelques lampes, par-ci, par-là, au gré de ma progression entre les machines. L’espace était rempli de partout. Matières, bobines et roquets, dessins Jacquard, pièces de rechange, entassés sur des étagères, des caisses, des cartons…
C’était un pur bonheur et je restais là quelques minutes à respirer cette odeur mélangée de soie et de graisse, à rêvasser…
De jour, Méca était une ruche étrangement calme et bruyante à la fois. En passant la grande porte de bois massif, un bruit assourdissant vous assaillait soudain. Pourtant, malgré ce bruit régnait un grand calme. Les ouvrières s’occupant des métiers disposaient chacune d’une vieille chaise en paille ou d’un tabouret de bois. Installées près de leur métier, elles lisaient presque toutes Nous Deux…
Pratiquement, une seule personne déambulait dans les allées, souvent une burette d’huile à la main. Michel, le gareur et chef d’atelier était un personnage particulièrement sympathique. Calme, la voix douce, l’air timide, comme caché derrière sa barbe légèrement rousse en forme de collier, il était la clé de voute de l’édifice sans qui tout se serait écroulé.

Atelier tissage mécanique en 1981
Atelier mécanique Tassinari : 3 Montée Georges Kubler (ex-montée Mazagran) depuis la fin des années 50 – fermé en décembre 1998

Siège social : 11 place Croix-Paquet jusqu’en 1992
Tassinari et Chatel, fondée en 1868, successeur des Pernon (1680) : un atelier rue Belfort, puis 43 rue Coste (90 métiers à bras jusqu’en 2003 !) et un atelier mécanique impasse Coste puis 3 montée Mazagran.
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