proposée par André
Vous avez dit OSCAR…
Petit mais pratique, et costaud ! Il fallait, seulement, changer souvent le saphir et cela n’était pas facile…
Après la TSF portable – le transistor – ce fut le plus grand succès de notre adolescence. Pouvoir se balader dans la rue avec son poste radio et écouter « salut les copains » c’était déjà énorme, mais l’arrivée de l’électrophone portable et pas cher fut une très grande découverte.
L’usine TEPPAZ se trouvait Boulevard de la Croix Rousse juste avant le Gros Caillou. Sous la pression, notre mère avait cédé. La musique que nous aimions, à la maison ou en boum chez les copains… Mais il fallait acheter des disques, et là débrouillez-vous ! A l’achat, Teppaz nous avait offert un disque « en prime » mais, « Yvette Giraud – Le petit cordonnier » : nous l’avons écouté et réécouté des dizaines de fois bien que vraiment pas d’actualité ! Heureusement, mon frère aîné, en apprentissage à la SNCF gagnait un peu d’argent. Très vite, quelques disques sont venus augmenter notre panoplie. Ce n’était pas encore les Yéyés : le tcha tcha tcha, Richard Anthony, les Kalin Twins… mais, rapidement, Ray Charles, les Chaussettes Noires et les autres.
Ce petit électrophone a marqué notre adolescence et lorsque nous l’emmenions à la campagne, pendant les vacances scolaires, il faisait l’admiration de nos copains locaux qui avaient un peu de retard sur nous – de la ville. Vraiment ! Une pièce à mettre au musée. Il méritait bien son nom… : OSCAR.
L’usine Teppaz occupe de 1952 à 1974 un ancien bâtiment de soierie au 170 Boulevard de la Croix-Rousse, qui devient en 1956 le siège social de la société S.A. Teppaz. Le modèle « Oscar » a été vendu à des millions d’exemplaires, véritable succès jusqu’en 1970 : 111 pays furent en effet conquis par le « Teppaz portable », ce qui lui valut l’Oscar de la meilleure entreprise française à l’exportation en 1962.
Parmi mes tout premiers souvenirs d’enfance, Teppaz était pour moi cette usine située presque en face de mon école maternelle, à l’extrémité du boulevard de la Croix-Rousse.
En sortant de cette école, je laissais sur ma gauche le « Gros Caillou », majestueusement posé sur son socle (rien à voir avec son positionnement actuel à moitié enterré) je longeais le trottoir du boulevard, recouvert en automne d’un tapis de feuilles mortes, et passais ainsi en face de Teppaz, où était garé un ou deux camions peints de couleurs vert et beige pastel (si j’ai bonne mémoire).
Je me dirigeais ensuite, en passant en face de ma future école primaire de la rue Vaucanson, vers mon logement de la rue J.B. Say.
Cette usine Teppaz employait, entre 1955 et 1970, plusieurs centaines de personnes (un certain nombre d’entre elles venant probablement des activités de tissage en voie de disparition).
L’entreprise a connu un succès considérable au début des années 60, avec l’avènement de l’époque dite « Yéyé ».
Beaucoup de jeunes gens voulaient avoir leur « Teppaz » et inviter les copains et les copines à leurs « surprise-parties » pour danser le « Twist » avec Eddy et Johnny, et le « Slow » avec Françoise et Sylvie.
Le temps a passé…
Au tout début des années 70, ayant terminé mes études secondaires à Saint-Ex et le Bac C en poche, et simultanément à une brève période d’étudiant en Fac, je visitais régulièrement les agences de travail pour soulager financièrement mes parents peu fortunés.
Un beau jour, une « boîte intérim » me proposa une courte mission, qui consistait à aider au déménagement d’une usine qui fermait ses portes.
Il s’agissait en fait de l’usine Teppaz de la Croix-Rousse, qui cessait son activité et qui déménageait vers un site situé aux environs de Lyon.
Pendant un ou deux jours, j’aidais à vider les ateliers, à placer dans des cartons d’antiques composants (transistors au germanium, vieux microphones bicolores…) pour les charger dans des camions.
Et c’est sans doute avec un petit pincement au cœur que j’aidais à faire disparaître un de mes souvenirs d’enfance.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi…
J’en demande pardon par avance à Brassens et à Pagnol… ainsi qu’à Prévert et Kosma.
Quand Teppaz faisait tourner le monde, Michel Loude : article assez complet…
Mon Teppaz, c’est lui!