proposée par Serge                   

Après deux années passées à l’école maternelle du « Gros Caillou », entre 1956 et 1958, j’allais enfin entrer à l’école des « Grands », et apprendre à lire, à écrire et à compter.

École élémentaire d'application AVEYRON 2 bis rue Vaucanson

École élémentaire d’application AVEYRON 2 bis rue Vaucanson

Mon inscription le 1er octobre 1958 fut officialisée sur mon livret scolaire par le tampon de l’établissement qui indiquait :
« École Municipale de Garçons – 2bis Rue Vaucanson – Lyon 1er – Tel. 28-19-30 »
Ma première institutrice, au cours préparatoire 1958-1959 fut Mme Falgon.
Je redécouvre sur mon livret ses gentils commentaires : « Bon travail…Serge doit soigner son écriture…Doit beaucoup travailler…Gentil élève…Passe au CE1…Doit lire beaucoup »
Mme Falgon m’avait donc appris à lire, ce qui m’avait permis de déchiffrer l’inscription sur la plaque noire et brillante située à l’entrée de l’école : « École laïque de garçons »
Le terme « École laïque » m’avait intrigué, voire un peu inquiété, car j’ignorais à ce moment sa signification. Cette plaque a disparu par la suite…
Juste en face de l’entrée était située la gare haute du funiculaire de Croix-Paquet (la ficelle à un sou), mis en service au début de la décennie 1890, et qui entra en concurrence directe avec la « ficelle à deux sous » de la rue Terme datant de 1862.
C’est lors du creusement du tunnel de la ficelle Croix-Paquet que fut extrait le fameux « Gros Caillou », bloc erratique transporté par les glaciers et devenu le symbole du quartier.
Mme Ballandras fut mon institutrice en cours de CE1 de 1959-1960.
Mon livret scolaire fait ressurgir ses appréciations : « Faire encore des efforts…Soignez le travail…Bien..Des progrès…Passe au CE2 »
A cette époque, et depuis les gouvernements précédents de la quatrième République, les pouvoirs publics s’inquiétèrent d’une sous-alimentation chronique des « petits boomers » que nous étions sans le savoir. (Il n’y avait à cette époque aucun souci de surpoids ou d’obésité pour l’écrasante majorité des enfants)
Déjà à l’école maternelle, nous avions droit après la sieste de l’après-midi, à un bol de lait chaud.
A l’école primaire, on nous offrait en fin d’après-midi une petite bouteille de lait chocolaté, genre Cacolac, que j’appréciais infiniment plus que le bol de lait chaud de la maternelle.
Quelquefois, on nous faisait découvrir sur un poste de radio muni de son « oeil magique », une chanson d’un certain Georges Brassens, découvert et apprécié depuis peu par une partie du corps enseignant.
Je me souviens surtout du « Petit Cheval » d’après un poème de Paul Fort.
Les instituteurs  évitaient tout de même de nous faire écouter « Le Gorille », qui de toutes les façons était censuré à la radio.
Les pouvoirs publics s’inquiétèrent aussi de l’hygiène des enfants, car la majorité d’entre nous vivions dans des logements sans la moindre salle de bain. Je me souviens de toilettes rapides dans l’évier de la cuisine et de casseroles d’eau mises à chauffer sur la gazinière, ou quelquefois de passages dans les bains publics. Un établissement de bain existait à l’époque rue Belfort.
L’école avait donc installé dans les combles du bâtiment, sous les toits, un espace sanitaire qui offrait aux élèves une séance hebdomadaire de douche gratuite et… obligatoire.
Dans un domaine plus ludique, il nous était proposé le jeudi après-midi pour la modique somme de 20 centimes, une séance de cinéma organisée dans la salle des fêtes de la Croix-Rousse par les écoles du quartier.
En fin d’année scolaire, avec les beaux jours, étaient organisées des sorties en car pour nous faire découvrir les campagnes environnant Lyon.

  • Mr Morreton fut mon instituteur au CE2 de 1960-1961
    « Pourrait mieux faire en grammaire et calcul »
    Je m’estimais satisfait tout de même d’une sixième place sur trente élèves.
  • Mr Couchoud fut mon instituteur au CM1 de 1961-1962
    « Bien… »
  • Mlle Neyraud fut mon institutrice au CM2 de 1962-1963
    « Assez bien dans l’ensemble »

Je garde un très bon souvenir de cette enseignante sans pour autant être devenu Président de la République, comme un certain E. M.
Dans cette école, nous ne connaissions de la gent féminine que les institutrices.
Les écolières de notre âge fréquentaient l’école de filles, construite de manière symétrique à la nôtre et en service depuis 1877.
Cette école, dont l’entrée donnait sur la rue des Pierres Plantées, parallèle à la rue Vaucanson, était séparée de la nôtre au niveau des cours de récréation par un mur haut, au milieu duquel il y avait une porte toujours fermée à clef.
Pendant les cinq années de ma scolarité primaire, je ne me souviens pas d’avoir vu cette porte ouverte une seule fois.
Pour offrir aux élèves plus d’espace de récréation, une deuxième cours était venue se superposer en étage au-dessus de la première, et ceci dans les deux établissements.
Il faut reconnaître que les garçons que nous étions ne désiraient pas spécialement se mélanger à nos voisines, et nos parties de jeu de billes et d’osselets suffisaient à nous occuper.
(Ce n’est que de nombreuses années plus tard que les deux groupes scolaires furent réunis pour former dans la mixité le Groupe Aveyron.)

Je fis donc mes adieux aux institutrices et instituteurs de la rue Vaucanson pour rejoindre Antoine de Saint-Exupéry qui m’attendait alors rue Hénon pour ma rentrée en sixième.
Ce qui me permit, en classe de seconde ou de première, d’effectuer mon baptême de l’air à la base aérienne de Lyon-Bron, après le passage dans notre classe d’un représentant de l’Armée de l’air, sans doute pour éveiller chez certains d’entre nous une possible vocation…
Cet établissement, lui aussi n’accueillait que des garçons, et a commencé à devenir mixte lors de mon entrée en terminale, près d’un an après Mai 1968.

Étonnant non… ?

Première « maison d’école » construite par la ville de Lyon en 1877 !
(Auparavant, les municipalités pouvaient se contenter de louer
des immeubles ou des appartements pour abriter des écoles !)
Le nom de Georges Aveyron (directeur de l’école de garçons, rue Vaucanson,
de1900 à 1912) est attribué au groupe scolaire en 1919.